Soirée débat sur le TSCG: témoignage d'Oriol Costa d'ICV

Oriol Costa, représentant le parti catalan ICV (Iniciativa Per Catalunya-Verds) , membre du bureau exécutif et délégué aux affaires internationales, était l'un des invités - aux côtés de Jean-Vincent Placé, Dominique Sistach et Jean Codognès - du débat « Un pacte budgétaire, pour quoi faire ? » organisé par Europe Ecologie Les Verts Pays Catalan le 28 septembre à Perpignan.

Ses interventions, en catalan, ont particulièrement intéressé et touché le public quand, par des exemples poignants et édifiants, il a illustré concrètement la crise économique et sociale qui sévit en Catalogne et en Espagne. Selon lui, cette crise sera encore amplifiée avec l'application des mesures austéritaires découlant du Traité européen de stabilité qui a déjà été ratifié par l'Espagne de Mariano Rajoy.

Alors que la Catalogne reste la région la plus « florissante » d'Espagne et qu'elle était il y a peu encore citée comme un exemple de prospérité régionale en Europe, la donne a bien changé. Aujourd'hui 25% de la population est au chômage avec des sommets à 53% dans la tranche des 20-30 ans.

Sur l'ensemble de la Catalogne 400 personnes sont expulsées chaque jour de leur logement. A Salt, banlieue ouvrière de Girona, c'est d'un seul coup l'équivalent de 5% de la population qui a été délogée à la demande de leur créancier, BANKIA, la fameuse banque en faillite qui a été recapitalisée ! Dans toutes les villes les poubelles sont régulièrement « visitées », à tel point que s'ouvre un débat : comment gérer les restes alimentaires ? Pour la première fois dans leur carrière nombre d'enseignants signalent des évanouissements de jeunes écoliers en classe et pour cause, ils ont « sauté » un repas la veille !

Expérience personnelle, Oriol Costa, professeur à l'université à Barcelona, n'a perçu que la moitié de son salaire ce mois de septembre. Qu'en est-il alors du quotidien des plus défavorisés ?

Des élections anticipées au Parlement de Catalogne, ont été convoquées pour le 25 novembre. La campagne va se dérouler dans un climat de crise sociale et économique qui nourrit les aspirations du peuple catalan à plus de souveraineté. Sous la pression de la rue (1,5 millions de manifestants à Barcelona pour la « Diada ») et après le refus de Rajoy d'accorder un pacte fiscal à la Catalogne, les élections ouvrent la voie à un éventuel processus vers l'indépendance.

ICV avec 10 députés sortants pourrait, selon les sondages, gagner 4 ou 5 sièges alors que le PSC (parti socialiste catalan) allié du PSOE connaîtrait un sérieux revers. Le centre droit d'Artur Mas (Convergència i Unio) sortirait gagnant avec l'instrumentalisation de l'opposition ancestrale entre la Catalogne et le pouvoir central à Madrid. En corollaire, une radicalisation du vote espagnoliste et de l'extrême droite est prévisible.

Pour autant, après les élections tout restera à régler en matière de crise économique et le seul salut viendra d'une mobilisation constante et durable.

Dans ce contexte, Oriol Costa s'est félicité de la décision courageuse d'EELV de s'opposer au TSCG rappelant que la position favorable des Verts allemands avait créé un certain malaise dans les rangs d'ICV qui participe au groupe Vert-Alliance Libre Européenne du parlement européen.