Les llengües regionals i minoritàries són la riquesa del patrimoni lingüistic de la República 

 Les langues régionales et minoritaires sont la richesse du patrimoine linguistique de la République Le groupe EELV à l’Assemblée Nationale vient de déposer une proposition de loi constitutionnelle visant à autoriser notre pays à ratifier la charte européenne des langues régionales ou minoritaires adoptée à Strasbourg le 5 novembre 1992, complétée par sa déclaration interprétative  (du 7 mai 2003). Si cette proposition est acceptée, nous allons pouvoir enfin cesser d’être les ressortissants impuissants et navrés d’un pays qui laisse mourir ses langues alors que tous ses voisins, sans exception, s’emploient à les sauvegarder et à en développer l’usage. Le candidat Hollande avait promis cette ratification mais une fois élu, s’est vite rétracté lorsque le Conseil d’Etat et le Conseil Constitutionnel ont considéré que cette ratification pouvait saper les fondements de notre pacte social. Ce renoncement du gouvernement est d’autant plus surprenant que la position de ces deux institutions était prévisible puisque déjà connue depuis 1996 ! L’argumentation développée par le Conseil d’Etat selon laquelle la mise en œuvre de la Charte se traduirait par une atteinte gravissime aux principes d’égalité et de souveraineté nationale relève plus des préjugés que de la raison. En effet, ce texte a été ratifié par 25 États membres du Conseil de l’Europe, dont la Grande-Bretagne, l’Allemagne, les Pays-Bas et la totalité des pays scandinaves. À notre connaissance, ils ne s’en portent pas plus mal, et il apparaît même que certains seraient en droit de donner des leçons à la France pour ce qui touche à la cohésion nationale et au respect de l’égalité réelle. Cessons donc de percevoir les langues comme une menace. Elles ne divisent pas, elles unissent. Il peut certes arriver qu’elles soient instrumentalisées à des fins nationalistes. Mais elles ne sont dans ce cas que les victimes d’un processus qui, même sans elles, surviendrait de toute manière. La pluralité linguistique et culturelle est une réalité sociologique qui s’impose à chacun et qu’il ne suffit pas de nier au nom de quelque exception culturelle ou juridique pour qu’elle s’efface. La défense de la diversité, la reconnaissance de l’égale dignité des cultures et des langues, la conviction profonde qu’il vaut mieux dialoguer avec l’altérité que l’anathématiser font indéniablement partie des valeurs universelles qui nous lient au reste de l’humanité, au-delà de notre appartenance nationale. Que dirions-nous si, un jour, l’état canadien, renonçant à sa structure fédérale, décidait soudainement de se réclamer du modèle unitaire français et entreprenait l’assimilation à marche forcée de ses populations non-anglophones du Québec au nom de l’indispensable cohésion nationale et de la lutte salvatrice contre les dérives communautaires ?

Défendons notre richesse linguistique et que ceux qui ne se résignent pas à le faire pour les langues régionales le fassent au moins pour la francophonie. Car si, dans deux ou trois générations, la France est devenue un gigantesque cimetière pour les premières, que pourra-t-elle répondre aux tenants de l’uniformisation linguistique à marche forcée, qui lui demanderont : « Pourquoi donc voudriez-vous que nous traitions mieux votre langue que vous avez traité hier celle des Catalans, des Basques ou des Corses ? »